Noyers sur Serein
Enfin nous pouvons envisager nos balades en toute liberté car l'heure de la retraite a sonné pour moi. Lundi 8 août, après moults préparatifs nous prenons la route en camping car pour une durée estimée de 8 à 10 semaines : une grande nouveauté car nos balades n'ont jamais duré plus de trois semaines.
Notre but : revoir l'Aveyron où nous avons passé nos vacances il y a plus de vingt ans. L'itinéraire pour y aller prévoit de passer par l'Yonne, la Haute Saône, la Loire, la Haute Loire etc... Et surtout, surtout il est prévu que nous prenions tout notre temps pour y parvenir.
En moins de deux heures nous arrivons à Noyers sur Serein (prononcez Noyères). C'est étrange de penser que nous connaissons bien la Bourgogne, que nous avons déjà bien bourlingué autour de ce village et que nous n'en avons entendu parler que tout récemment. Et comme il fait partie des plus beaux villages de France, nous allons le mettre à la suite d'une liste qui est déjà longue.
Noyers c'est 78 bâtiments classés ou inscrits au répertoire des Monuments Historiques, c'est un lieu idéal pour remonter le temps.
Nous choisissons de stationner sur l'aire naturelle du Pré de l'Echelle, un ancien camping clos de murs où nous apprécions l'ombre des grands arbres. Pour y entrer il faut aller chercher la clef au musée, c'est original et contre six euros pour 24 h on s'installe où l'on veut tout en bénéficiant des douches et des toilettes.
Nos roues posées, notre premier déjeuner de "vacanciers" expédié on se dirige vers le centre de Noyers distant de quelques centaines de mètres de l'aire naturelle.
La Porte Peinte est l'une des trois entrées possibles dans la cité médiévale.
Une fois franchie on longe de belles maisons à pans de bois avant de déboucher sur la place de l'hôtel de ville. Plusieurs fois remanié il dénote un peu au mileu des pans de bois et arcades médiévales.
Sous les balconnières je déniche cette échelle des crues.
La place de l'hôtel de ville est un triangle bordé de belles façades et d'arcades où s'ouvraient autrefois des échoppes.
En levant la tête je découvre de belles poutres sculptées.
La façade de la maison de l'Ecrit est toute pimpante et l'une de ses poutres cornières bien peinte nous donne à penser ce que pouvaitent être les décors de ces maisons au moyen-âge.
Toutes n'ont pas le même aspect mais ici le travail de chevrons et de croisillons est remarquable.
J'aime les façades des vitrines qui ont gardé leur ancien cachet mais qui dans le même temps ont su se moderniser sans perdre de leur âme.
Un peu plus loin on est attiré par deux toitures en saillie.
Elles bordent la place de la petite étape aux vins où s'étalent des terrasses ombragées.
Non loin, un porche ouvre sur une rue qui a connu son heure de gloire puisque c'est ici qu'ont été tournés de nombreux épisodes du feuilleton "Une famille formidable". 50 ans plus tôt la cité avait déjà connu une première notoriété cinématographique puisque le film "La grande vadrouille" y a en partié été tourné en 1966.
Sur la place du marché au blé l'une des maisons d'angle a conservé ses sculptures.
Des porches permettent le passage d'une rue à l'autre.
A un angle de rues une sympathique terrasse a installé ses tables, ce jour là à notre grand dam, elle est fermée.
Postérieur au moyen-âge cet ensemble d'architecture civile du XVème siècle porte l'étrange nom de Kamato.
Les façades se succèdent, en voici une encore plus étrange que les autres. Une façade Renaissance, quelle surprise !
C'est l'hôtel particulier de la Toison d'Or, riche de belles sculptures.
Quelques dizaines de mètres nous séparent de la Porte de Tonnerre, à sa droite dans une niche trône une vierge à l'enfant : Notre Dame de la Voie de Passy que l'on orne chaque 15 Août d'une grappe de raisins verts ou vérots. Cet hommage ancestral était censé protéger les vignes des orages de l'été, d'où son nom de sainte Vérote.
Une fois la porte franchie, l'octroi, la tour des guetteurs et les remparts marquent les limites de la ville. Cet ensemble défensif remonte au XIIIème siècle.
Sans crainte nous nous perdons avec bonheur dans les ruelles, bientôt guidés par la haute stature de l'église Notre-Dame.
Notre Dame de Bonne Nouvelle
La ville nous plaît et il y a encore beaucoup à voir, j'aimerai surtout visiter le musée d'art naïf, nous décidons donc de prolonger notre séjour dans cette jolie petite ville. En attendant nous allons prendre un verre en terrasse en profitant de l'animation alentour.
Retour à l'aire naturelle, repos, déballage, barbecue. On est pas bien là ?
Ce soir nous serons trois équipages.
La nuit est très très calme on est juste bercé par le murmure des feuilles et de l'eau du Serein qui passe au pied.
Le lendemain, de bonne heure, nous enfourchons nos vélos pour continuer l'exploration et c'est à l'heure de l'ouverture que nous entrons dans le musée d'art naïf.
Dans le jardinet des champignons et un oiseau hallucinés nous souhaitent la bienvenue.
Dans les étages l'art naïf se décline sur tous les tons.
J'admire tout particulièrement la truculence de ces petits personnages saisis sur le vif un jour de marché.
Ce tableau aux couleurs si vives malgré ce jour de neige...
cette autre oeuvre tout en doodles...
le réalisme désuet de cette devanture.
Sans oublier une incroyable collection de boîtes anciennes.
Le musée a été fondé en 1876 dans un ancien collège. En 1987 il est enrichi par la donnation de Jacques Yankel fils du peintre Kikoïne. Elle représente une centaine de toiles d'art naïf où de splendides anonymes côtoient les grands maîtres ... Cette donation a été complétée en 2001 par un dépôt du Fons National Contemporain et en 2005 le Conseil Général de l'Yonne y a déposé 60 toiles de la collection de Jean Marc Luce... Avis aux amateurs.
A l'extérieur se trouve un gigantesque cadran solaire.
On poursuit notre balade en faisant les extérieurs : chemin des angles bordé par des murs de pierre sèche qui abritent de discrets jardins...
promenade du Pré de l'Echelle.
Il suffit de franchir le pont rue de la république pour arriver bientôt au lavoir.
De style typiquement bourguignon le lavoir est long de 24 mètres.
Noyers possède encore 19 tours ! C'est en longeant le chemin des fossés qu'on s'en apperçoit le mieux. Des rondes, des carrées...
Celle-ci, au premier plan, porte le nom de Tour de la cave au loup.
Nous avons atteint les limites de la ville médiévale où un camp de jeunes oeuvre à la réfection de murets de soutènement.
L'ambiance a l'air d'être des plus cordiales, en passant on surprend le mélange de conversations menées en plusieurs langues et de si jolis sourires.
Par "les Vergers" partiellement abandonnés nous grimpons dans des chemins assez raides pour dominer les ruines du château mais elles sont cachées par la végétation.
Demi-tour donc et c'est bien plus facile en descente.
La rue de Venoise est marquée par une croix de chemins et quelques maisons où il est aisé de remarquer le réemploi des pierres du château comme il était d'usage à une certaine période déjà lointaine. Cette pratique née du démantèlement, surtout sous Richelieu, a tout compte fait, peut être permis de sauvegarder certains éléments architecturaux.
Epinglé dans un coin, une carte de Noyers nous montre sa magnificence d'antan.
Ceci est plus contemporain.
Midi sonne au clocher. Après avoir fait quelques emplettes, viande, fromages locaux et vin (petit Chablis) dans les petits commerces alentour, on rentre au camping car pour déjeuner.
Nous nous accordons un bon moment de repos sous les frondaisons avant de reprendre et de terminer notre exploration.
Fin
PS : alors là, nous avons été conquis, Noyers mérite amplement son titre de "plus beau village de France". Ambiance cool et très province, de bons produits locaux en circuit court. Le petit Chablis divin et à un prix très raisonnable. L'aire Naturelle du pré de l'échelle à recommander à ceux qui aiment le calme et la nature...
Hors saison Noyers ne s'endort pas sous ses tilleuls, pour preuve :
Marchés aux truffes de Bourgogne les dimanches 30 octobre et 27 novembre 2016
Marché nocturne et repas autour d'une omelette géante le samedi 12 novembre 2016, qu'on se le dise.
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