Au fil de la Meuse aux Pays bas Delfshaven - Schiedam- volet 8
Nous y voilà. Après six semaines de balades consacrées à suivre le cours de la Meuse de sa source à son embouchure, nous touchons au but. Ce fleuve long de 925 km parcourt 492 km en France, 194 en Belgique et 239 aux Pays Bas. Nous avons essayé de rester le plus possible auprès du fleuve.
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Samedi 16 septembre
Hier nous étions à Maassluis. Je m'étais dit qu'arrivés là je considèrerai que la boucle serait bouclée, de plus nous avons eu un temps superbe pour visiter cette ville. On peut dire que la boucle est bouclée.
Cette nuit la pluie est revenue et ce matin c'est peau de chagrin. Comme toujours en pareil cas on ne sait pas trop quoi faire. Puisqu'on s'extasie devant les gros bateaux notre voisin néerlandais nous propose d'aller en voir de plus gros à l'embouchure à Hoek van Holland, pourquoi pas.
Puisque ce bateau y va on va essayer de le suivre.
Mais nous sommes vite stopés par un pont levé qui laisse écluser les bateaux.
Sous cette pluie le paysage est monotone. On arrive à Hoek van Holland sous une pluie battante, les ronds-point sont habillés d'énormes chaises longues bien tentantes mais sans façon, merci. Une longue file de camping cars attend pour prendre le ferry vers l'Angleterre. On essaie de se garer mais c'est compliqué. A quoi bon faire des efforts pour aller se balader sous la pluie. On prend la décision de faire demi-tour sans plus de façon et de filer sur Schiedam dans la banlieue de Rotterdam où l'on sait pouvoir stationner le camping car. De là on avisera.
Face à nous warning et klaxons nous intriguent, des motards nous font stoper, une longue file de camions nous croise, on remarque bientôt des calicots où est inscrit le mot handicap on comprend alors que c'est une manifestation pacifiste de routiers en faveur des handicapés.
On arrive sans encombre à Schiedam et le GPS nous mène direct au parking. Six places nous sont réservées, payantes la journée, gratuites la nuit. Les grands camping cars comme le nôtre ont le porte à faux au-dessus de l'eau du canal. Quatre moulins encore en activité et qui comptent parmi les plus hauts des Pays Bas bordent ce canal.
Il pleut toujours, on va tout de même tenter de se repérer pour aller demain à Rotterdam. En bus, tram, ou train, il faut voir ? En ville on est pas tentés par le vélo. Alors qu'on est perplexes devant un plan de ville un joggeur s'arrête et nous demande, en français, ce que nous cherchons. Ca se voit tant que ça qu'on est français ?
Il stoppe son jogging et nous accompagne dans le dédale des anciennes rues jusqu'à un arrêt bus qui nous mène au Métro Marcoplein. Pas facile de comprendre comment acheter des tickets surtout que je veux des pass 48 h ! A l'extérieur j'avise une employée qui fume, je l'aborde en anglais. Elle nous conduit à son bureau où elle discute avec un de ses collègues. Un grand géant blond s'approche de nous et dans un français impeccable il s'enquiert de ce que nous voulons. Aller à Delfshaven. Je dis "holà là qu'est ce qu'il est grand", il me répond "non c'est vous qui êtes petite". Le géant a de l'humour. Il nous explique comment se servir de la machine mais comme il n'y a pas de pass 48 h il nous faudra refaire la manip demain. Non content de nous avoir aidé à sortir nos tickets, il nous accompagne sur le quai, c'est pas beau ça ?
Sur le quai du métro à Delfshaven
Mais voilà qu'une fois sortis du métro on est en pleine ville et je ne vois pas le moulin que je cherche, pas de plan non plus. J'entre dans une boulangerie où une jeune fille termine de servir des clientes. Ensuite je lui montre mon guide en lui disant où je veux aller.
Elle ne comprend pas trop ce que je veux. Alors elle a une idée, sur son smartphone elle enregistre ma voix puis elle utilise un traducteur, quand elle a compris ce que je cherche elle me l'indique sur mon plan.
A gauche puis à droite puis encore à droite et voilà, en fait on est tout près. Délaissant la boutique un instant elle nous accompagne au coin de la rue puis elle me tapote le dos d'un air de dire "Ca va aller Mamie" . Bye Bye. C'est extraoridinaire. Je suis touchée par la gentillesse de ces gens qui font tout pour nous faciliter la vie. Un grand merci à tous.
Mais pourquoi cette obstination à vouloir aller à Delfshaven ? Je veux voir l'ancien port d'où se sont embarqués les Pilgrim Fathers (pères pèlerins) en 1620 sur le Mayflower afin d'aller fonder une colonie en Amérique.
Le Middenkous, petit port d'où on partait à la pêche à la baleine ou au hareng, a été fondé en 1385 grâce aux activité de la VOC il devint une plaque tournante du commerce mondial. Bordé de canaux, de nobles maisons et d'entrepôts l'endroit a gardé son charme d'antan, même sous la pluie.
Les fonctions des corporations sont gravées dans la pierre
Cette péniche date de 1893 !
Le petit chat pleure.
Au bout du môle se dresse le moulin De Distilleerketel, c'est un moulin à grains de 1727 qui a recommencé à tourner grâce à un meunier artisanal. Le moulin est en réfection.
Maison de l'amiral Piet Hein né à Delfshaven en 1577 il remporta de nombreuses victoires navales sur les flottes espagnoles et portugaises.
Au fronton un cheval de mer.
Le charme des petites boutiques.
Sans nous presser nous avons fait une agréable balade dans ce quartier. Il est l'heure de retourner au métro non sans adresser un petit clin d'oeil à Vincent Van Gogh.
A Marcoplein on descend du métro et on a du mal à trouver le tram pour Schiedam, et on n'est pas les seuls, après avoir tourner un moment on comprend : en sortant de la gare c'est à droite et encore à droite. On descend au centre ville à Shiedam station.
Mais ce n'est pas l'endroit où on a pris le bus en début d'après-midi. Qu'importe j'ai le sens de l'orientation et on retrouve assez vite le chemin du camping car. Il ne pleut plus.
Schiedam
D'autres camping cars sont arrivés, on est au complet.
Il faut faire quelques achats. Au lieu de partir à droite comme cet après midi nous partons à gauche puis encore à gauche et on enjambe le canal pour arriver dans un quartier populaire. 200 m plus bas à gauche on découvre la station de Métro Parkweg dire qu'elle était si près du camping car !
C'est samedi et notre avant dernière soirée aux Pays Bas on décide de sortir pour peut être manger à l'extérieur. On repart à droite, de nombreux musiciens semblent se diriger vers un endroit précis de la vieille ville, on les suit.
Un chapiteau a été monté sur une structure flottante au milieu du canal, là des musiciens sont rassemblés, ils semblent répéter.
Sur une affiche on découvre ce qui se passe.
Tous les ans le troisième samedi de septembre c'est la fête de l'eau et c'est déjà ce qui se tramait hier à Maassluis...
Ce soir à Schiedam l'animation est assurée par les jeunes de l'orchestre symphonique de Rotterdam, excusez du peu !
En attendant que tout se mette en place on déambule dans le quartier.
J'aimerai bien voir ces quais en été quand les gens prennent le soleil sur le pas de leur porte.
Ici et là les entrepôts disputent l'immobilier aux particuliers.
Faire la sieste dans une baignoire en pleine rue je n'y avais encore jamais pensé.
Des notes de musique nous parviennent, nous revenons sur nos pas pour écouter le concert. Une terrasse avec tables et chaises a été dressée sur l'eau on s'y installe et tout en dégustant une bière nous assistons ébahis à ces démontrations musicales et vocales.
Une jeune cantatrice interprète magistralement "Lascia Chio Pianga" de Frédéric Haendel.
Puis elle laisse la place à un ténor qui nous envoie du Brel en français.
Il nous sert une interpétation du port d' Amsterdam remise à la sauce port de Schiedam qui me tire les larmes.
L'âme du grand Jacques plane sur les canaux.
A ne pas bouger il ne fait pas chaud sur l'eau et comme nous n'avons pas trouvé de quoi nous restaurer, nous prenons congé. Je regrette de n'avoir pas pensé à enregistrer ces deux morceaux.
Dimanche 17 septembre
On ne peut pas dire que je sois fan de dormir en camping car dans les centres ville mais force est de reconnaître que la nuit a été très calme. On se réveille tard et oh surprise le soleil est déjà haut dans le ciel. On est vite prêts à partir pour Rotterdam.
En m'attendant mon mari donne du pain aux poules d'eau et aux canards.
Le paysage a une toute autre allure sous le soleil
Notre repérage d'hier n'aura pas été inutile car dix minutes après on est dans le métro.
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A suivre....Au fil de la Meuse à Rotterdam