Limoux et son carnaval
J'avais un voisin, Joseph, avec un accent fort rocailleux. Il venait de Quillan tout à côté de Limoux, de l'Aude, pour nous qui sommes dans l'Aube ça faisait un sacré bout de chemin mais on s'était promis qu'un jour on irait voir ce pays où l'accent est si rocailleux.
Lundi 27 février 2017. Nous arrivons à Limoux. Il fait beau, l'aire de camping car est vaste, située le long de l'Aude et non loin du centre ville où nous avons tôt fait de nous rendre.
Une place carrée, la place de la République, occupe le centre historique, de nombreux commerces ouvrent sur les arcades.
L'église Saint Martin qui mêle gothique et roman est enchassée dans des rues étroites mais son chevet donne directement sur la rivière.
Une belle piéta et un reliquaire retiennent notre attention ainsi que la disposition originale des bancs.
Comme toujours nous flânons dans les rues le nez en l'air prêts à découvrir quelques particularités, en voici une :
Dans ces rues étroites bordées de bâtiments de plusieurs étages nous distinguons la mairie où nous entrons. Une ancienne cour a reçu un toit de verre reliant plusieurs bâtiments, c'est du plus bel effet. Le préposé à l'acceuil s'avance vers nous et s'enquiert du but de notre visite. La conversation s'engage. Ce monsieur est très courtois et nous propose de visiter l'étage. Un tableau de grandes dimensions orne le mur, il célèbre le carnaval de Limoux.
Le préposé à l'accueil est érudit et passionné par sa ville et sa région. Comme nous trouvons les locaux très beaux il nous propose de nous emmener à la mairie annexe, de l'autre côté de la rue et là nous allons de surprise en surprise découvrant l'architecture locale intérieure qui a bien du charme.
C'est à regrets et en le remerciant encore chaleureusement que nous quittons notre guide. Nous le quittons en ayant reçu une information d'importance, demain, c'est Mardi-Gras et il y aura trois présentations différentes de carnavaleux. Aussi resterons nous sur place une journée de plus pour en profiter.
Revenus sur la grande place nous apprécions l'architecture, les arcades...
flânons dans les ruelles et revenons le long de l'Aude.
On traverse un pont et on bifurque de suite à gauche pour suivre le cours de l'Aude. Seulement le fleuve fait un coude et nous nous éloignons sérieusement. Enfin un pont de chemin de fer enjambe l'eau, il est sécurisé et nous permet de traverser.
On rejoint la D118 et son fort trafic. Face à nous une salle des fêtes se distingue grâce à ses murs peints qui représentent les personnages emblématiques du carnaval de Limoux.
Il nous faut encore fournir un effort pour revenir au camping car, au rond point nous avons un autre aperçu des spécialités limouxines.
Ici on célèbre le vin pétillant local : la Blanquette de Limoux.
ou encore le carnaval
Ce drôle d'édifice sert maintenant de halte garderie mais je pense qu'autrefois il devait faire office de bains municipaux.
La nuit est passée, nous avons essuyé quelques bourrasques de vent et ce matin l'atmosphère est changée, la pluie menace. Parapluies en main nous partons vers le centre ville pour assister au carnaval des Vieux. Le carnaval de Limoux dure trois mois c'est le plus long du monde, il est animé par diverses bandes et orchestres.
Voyons ce carnaval des Vieux. Nous apprenons que chaque présentation commence toujours par une valse lente sous les arcades jouée par l'orchestre du jour.
La valse lente conduit tout ces Vieux devant la porte d'un bistrot où ils s'engouffrent tous pour ...l'apéro. Ca dure une vingtaine de minutes puis la valse reprend jusqu'au prochain bistrot, nouvel arrêt apéro de vingt minutes et on repart toujours au son de la valse jusqu'à un troisième bistrot où le manège recommence. On est stupéfaits.
Pendant ce temps les badauds patientent à l'extérieur trouvant refuge sous les arcades pour échapper aux averses. Les gens voient bien que nous sommes touristes, ils me cèdent leur place pour faire des photos,et même un monsieur déguisé en grand-mère tout droit sortie de son lit en chemise de nuit m'explique les arcanes du carnaval. Pensez donc, déjà que les limouxins ont un fort accent de plus atténué par le prot d'un masque, comment voulez-vous que j'y comprenne quelque chose mais c'est l'intention qui compte et je retiendrai ceci des limouxins, c'est leur sympathie. Quand enfin les Vieux réapparaissent c'est pour se diriger vers le centre de la place où des stands de comédie ont été dressés. C'est une scène de marché. On nous distribue des légumes, on nous en jettera, il faudra riposter.
La scène du jour représente un événement qui s'est produit dans la ville lors de la démollition d'un immeuble insalubre, c'est du moins ce que l'on me raconte. Un personnage truculent et "bourré" arrive sur son engin de chantier aidé dans ses manoeuvres par ses acolytes. Il y a bien des légumes qui volent mais ce n'est pas une bataille. Dans un joyeux désordre la façade est abattue dévoilant une scène un peu olé olé.
Voilà, c'est fini, accompagnés par l'orchestre les Vieux reprennent le chemin de la maison. Non initiée, je n'ai pas franchement apprécié le spectacle.
Cet après-midi à 16 h il y a un autre spectacle et bravant la pluie nous y venons. La bécasse que je suis a oublié sa carte mémoire dans le camping car et c'est trop loin pour que j'y retourne et en ce mardi les photographes sont fermés ! Je ferai donc quelques photos avec mon téléphone archaïque mais je n'arriverai jamais à les sortir et je le regrette car ce spectacle ci est bien plus beau que celui du matin.
Sur une musique lancinante sans cesse répétée les personnages masqués tournent sur eux mêmes effectuant une savante corégraphie où leurs mains et leurs corps ondulent. Ils sont armés d'une longue tige fléxible la carabène dont ils touchent les badauds. Une pluie de confettis blancs nous tombe dessus on dirait de la neige. Parmi les danseurs il y a de jeunes enfants qui semblent prendre un réel plaisir à perpétuer la tradition.
Image de Auféminin.com
J'aime cette atmosphère étrange. La pluie hélas gâche tout. Ce soir ce seront les Colombines et les Arlequins qui entreront en lice, ça devrait me plaire et je n'oubierai pas ma carte mémoire, promis.
Mais il n'y a pas eu de Colombines ni d'Arlequins. La tempête s'est invitée et nous ne sommes pas sortis.
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