Fécamp
Notre voyage en Haute Normandie se poursuit par la découverte de Fécamp. Fécamp est une ville très accueillante pour les camping cars. On trouve très facilement une place le long du quai Pierre Loti, le nez sur les bateaux ; c'est plutôt rare.
La plage étale devant nous ses vagues de galets
Ce n'est pas facile d'avancer sur ce terrain, les pierres roulent sous mes pieds mais j'avance avec plaisir vers la jetée
De la jetée on a une très belle vue
d'immenses pontons de bois prolongent les jetées de pierre
je les trouve extraordinaires perchés sur leurs pattes grêles, ils me rappellent les carrelets mais malgré leur fragilité ils résistent sans faillir à l'assaut des éléments
L'espace protégé du chenal est idéal pour apprendre la voile, les optimistes sont de sortie
En longeant la plage nous savourons le spectacle sans cesse renouvelé de la mer qui brasse les galets et des nuages qui jouent à donner des lumières iréelles
les familles encore en vacances ne boudent pas leur plaisir
Peu de choses ont changé depuis que Jules Noël a peint ce tableau il y a 140 ans, sauf qu'il n'y a plus de crinolines
Du port on a vu le beffroi du palais Bénédictine que nous voulons visiter, par le dédale des rues nous partons à sa recherche
Un peu d'histoire
La fantastique histoire de la liqueur et du musée Bénédictine, situé au cœur de Fécamp débute en 1863, lorsque Alexandre Legrand, industriel et négociant en vins et spiritueux de Fécamp, qui est aussi un grand collectionneur d'art, retrouve dans la bibliothèque familiale un vieux grimoire du XVIème siècle provenant de l'abbaye bénédictine de Fécamp. Il le tiendrait de son grand-père, le « procureur fiscal » Prosper Elie Couillard qui l'aurait acquis pendant la Révolution.
Parmi d'autres recettes y aurait été consignée celle d'un élixir de santé à base de 27 épices et plantes de l'énigmatique Dom Bernardo Vincelli, un bénédictin vénitien de la Renaissance qui aurait séjourné à l'Abbaye de Fécamp, mais dont aucun document ne conserve trace de l'existence, pas même une liste d'abbaye et dont on ne possède pas l'once d'une biographie : il est absolument inconnu. Il s'agit d'une invention probable d'Alexandre Legrand pour ancrer son invention dans la tradition et créer un lien avec la renaissance.Patiemment, Alexandre-Prosper-Hubert Le Grand déchiffre les précieuses formules médicinales, où la myrrhe voisine avec le genièvre, le safran avec l'écorce de citron. L'industriel peaufine sa liqueur et crée une bouteille spéciale pour la commercialiser. Précurseur, il joue d'une carte nouvelle : la réclame. Il demande à des artistes de renom de concevoir des affiches publicitaires et en placarde en France et à l'étranger (tel Alphonse Mucha, Sem, Lopes Silva ou même Louise Abdéma en 1899 avec un panneau décoratif intitulé La Renommée de la Bénédictine, une huile sur toile très grand format exposée à la Société des artistes français en 1899, puis à l'exposition universelle de 1900).
Le succès est foudroyant. Il vend annuellement 150 000 bouteilles dix ans seulement après le lancement de son produit. Le succès est tel que le négociant fonde en 1876 une société baptisée « Bénédictine SA », dédiée à la fabrication de liqueurs. En 1882, année de son introduction en Bourse, l'entreprise inaugure une distillerie flambant neuve dont sortent près de 350 000 bouteilles pour atteindre rapidement le million, dopé par l'engouement pour les liqueurs depuis le Second Empire.
Alexandre Le Grand déploie un génie du marketing culturel en étant précurseur en matière de mécénat et de constitution d'une légende autour de son produit et de sa marque. L'acquisition des collections médiévales, le mécénat auprès des artistes de l'époque servent son entreprise commerciale. (cf. La communication culturelle - Pierre-Antoine Pontoizeau)
Détails des fabuleux plafonds du palais
Détail du vitrail de la visite de François 1er à Fécamp
Vitrail dédié au moine Dom Bernardo Vincelli
dans la collection d'art sacré
Mais le palais Bénédictine n'est pas qu'un musée, on y travaille encore. Ici les ouvriers travaillaient dans de vastes locaux bien éclairés, cette salle fait désormais partie du musée
collection d'affiches
Ensuite nous sommes invités à descendre dans les entrailles du palais où l'on assiste à la distillation au travers d'une vitre, dommage qu'on ne puisse approcher de plus près les antiques foudres et alambics.
La visite se termine à la boutique où e une dégustation nous est proposée. Nous allons la savourer dans cette magnifique verrière où tout appelle au repos et à la détente
C'est presque à regrets qu'on quitte le palais avant de redescendre vers le port pour rejoindre le camping car.
Cette nuit nous ne dormirons pas quai Pierre Loti car la rue est empruntée par les camions qui viennent à la criée. Nous n'allons pas bien loin, juste derrière le comptoir maritime il y a une vaste place équipée d'une aire de services. La nuit y sera calme. Et au petit matin, il nous prend la furieuse envie d'aller prendre notre petit déjeuner le long de la jetée. Projet réalisé en deux temps, trois mouvements. Ce qui termime de bien agréable façon notre visite de Fécamp.
à suivre : Yport